La fabrication d'un modèle en papier mâché

Un film de Marianne Balabaud
Master I, Didactique visuelle – Haute école des arts du Rhin

Le matériau principal utilisé pour réaliser des modèles en papier mâché est le papier. Ce dernier est tout d’abord finement déchiré. Puis on y ajoute une poudre de craie ou « blanc de Meudon », de la fillasse de lin et enfin un ingrédient longtemps resté secret : la poudre de liège. C’est cette poudre qui apporte aux pièces rigidité et légèreté.

Une fois la préparation réalisée, la pâte est prête à être déposée dans le moule. Il s’agit d’un support en bois de chêne creusé où est encastrée la matrice, composée d’un alliage de plomb, d’antimoine et d’étain.

La pâte à papier est versée dans la première moitié du moule, intégrant une armature en métal afin d’augmenter la rigidité de la pièce, puis la deuxième moitié du moule est posée par-dessus. L’ensemble est ensuite placé sous presse pendant vingt-quatre heures. Le démoulage est une étape très délicate, car il faut attendre que la pâte soit bien solide, mais pas trop non plus, si l’on ne veut pas qu’elle reste collée au moule.

L’excédent est retiré. L’objet est ensuite peint. Le dégradé doit être impeccable : ainsi on passe plusieurs couches de couleur pour ne plus voir aucun contour.
L’organe est ensuite agrémenté de vaisseaux sanguins réalisés en fil de fer enrobés de filasse et fixés par des épingles.

Pour un meilleur rendu, la pièce est recouverte de vernis préparé à partir de colle d’esturgeon. Les différents éléments qui composent le modèle sont assemblés et fixés par des systèmes d’accroches très simples. Les pièces s’encastrent grâce aux tiges de métal intégrées, les parties amovibles sont tenues par des crochets articulés.
On peut dénombrer jusqu’à cinq cents pièces pour un même modèle.

Les organes sont nommés et identifiés grâce à leurs étiquettes. Certaines pièces portent un numéro renvoyant au tableau synoptique où la nomenclature du modèle est répertoriée.

Les modèles clastiques du docteur Auzoux sont manipulables, ils offrent une alternative à la dissection sur cadavre pour l’enseignement médical. Ils sont réalisés en série grâce aux moules réutilisables, ils sont légers, faciles et à transporter. Les matières premières qui les composent sont peu coûteuses, quand bien même la fabrication de ces modèles nécessite un temps de main d’œuvre très important. La production de ces modèles s’est maintenue dans l’entreprise de Saint-Aubin-d’Écrosville jusque dans les années 1950. À partir du milieu du XXe siècle, en effet, les résines synthétiques ont définitivement supplanté les papiers mâchés.

Aujourd’hui, les modèles clastiques du docteur Auzoux sont exposés dans de nombreux musées.