La vie de Louis Auzoux
(1797-1880)
(1797-1880)
Racontée par Lila Gentilhomme
Master II Histoire de l'art – Université de Strasbourg
Mise en images par Noële Letzelter
Master I, Didactique visuelle – Haute école des arts du Rhin
Louis Thomas Jérôme Auzoux est né le 7 avril 1797 à Saint-Aubin d’Écrosville, en Normandie, dans une famille de cultivateurs aisés.
Il mène des études brillantes puis s’oriente vers une formation en médecine à Paris dont il sort diplômé en 1818.
Pendant son apprentissage, il se passionne pour l’anatomie, tout en étant repoussé par la dissection. Il commence alors à rechercher à tout prix un moyen de résoudre ce paradoxe de taille.
En parallèle de ces études, Louis Auzoux travaille dans une fabrique de jouets dans laquelle il apprend à manier les matériaux tels que le papier mâché, le fil de fer et commence à expérimenter dans sa propre discipline : l’anatomie. Très rapidement après avoir obtenu son diplôme, le docteur Auzoux est affecté au département de chirurgie de l’hôtel-Dieu, alors sous la direction du célèbre chirurgien Guillaume Dupuytren.
En 1820, il visite l’atelier d’anatomie de François Ameline, professeur d’anatomie à Caen. Celui-ci avait développé une technique de dissection « artificielle » à l’aide d’organes modelés en papier mâché, disposés autour d’un véritable squelette et démontables.
Cette visite influence grandement Louis Auzoux puisqu’il présente, en 1822, son premier membre abdominal en papier mâché à l’Académie Royale de médecine de Paris. Ce premier modèle est alors monté sur un squelette naturel, ce qui lui vaudra l’accusation de plagiaire. Son succès a pour conséquence d’éradiquer le docteur Ameline de ses expériences en anatomie artificielle alors qu’il commençait à s’intéresser à l’anatomie pathologique.
En 1824, il reçoit les encouragements du ministre de l’Intérieur ainsi qu’une commande pour réaliser un mannequin d’homme complet qu’il présente à l’Académie en 1825. Ce modèle résulte d’une recherche aboutie dans les matériaux : la structure est un squelette artificiel afin qu’il puisse être reproduit à l’infini et il en est de même pour les muscles et les organes ; seules les dents restent naturelles.
Sa réussite immédiate l’incite à ouvrir son propre atelier d’anatomie clastique à Saint-Aubin-d’Ecrosville, son village natal, en 1828. Il commence avec un sourd-muet doué de ses mains, un vieil invalide et sa femme, mais il y emploie progressivement des habitants de son village pour augmenter l’activité.
Différents modèles pédagogiques sortent de cette fabrique, bientôt désignés comme relevant de l’« anatomie clastique » pour leur caractère manipulable et articulable. Jusqu’à cent personnes travailleront dans cette entreprise, relayée à Paris par un magasin créé en 1833 près de l’école de Médecine.
Le 27 avril 1833, il est décoré de la Légion d’honneur. Cette récompense va de pair avec les nombreuses expositions universelles auxquelles il expose son anatomie clastique : en 1851, 1862 et 1867 à Londres, en1855 à Paris.
Parallèlement à son activité d’entrepreneur, il propose des cours d’anatomie à ses ouvriers et donne des cours à Paris. Il nomme des collaborateurs qu’il envoie dans le monde entier pour vendre et apprendre à se servir des célèbres modèles Auzoux. La fabrique diversifie rapidement son offre en proposant non plus seulement des modèles d’anatomie humaine mais aussi de la zoologie, de la physiologie et de la botanique à partir de 1862.
À la fin de sa vie, le catalogue propose deux-cent-vingt-huit modèles différents, traduits en anglais pour l’Angleterre et les États-Unis. Chaque modèle est vendu accompagné d’un tableau synoptique qui permet de connaître la nature et la fonction de chacun des organes ou muscles représentés, ainsi que la liste des manipulations à exécuter. Louis Auzoux meurt le 6 mars 1880 à Paris. Il laisse derrière lui une entreprise prospère qui sera reprise par ses neveux, Hector Auzoux puis Amédée Montaudon qui vont diversifier l’offre des établissements Auzoux pour permettre de s’adapter à la demande. La fabrique gardera le nom de son créateur jusqu’en 2002, date d’arrêt définitif de la production de l’anatomie clastique.