Les fleurs en verre de Léopold et Rudolf Blaschka

Du dessin à la fabrication des plantes en volume

Un article d'Aurélie Michel
Maître de Conférences en Arts et Sciences de l’Art à l’Université de Lorraine
© mai 2019 – A. Michel

La collection de fleurs en verre de Léopold et Rudolf Blaschka constitue un exemple singulier dans la production de modèles liés à l’enseignement de la botanique. Ne se limitant pas à la restitution de la plante telle quelle, les deux verriers ont sublimé chaque espèce, en leur conférant l’apparence de la vie. Appartenant au Musée Botanique de l’Université d’Harvard, les plantes, reproduites à échelle 1, mais aussi agrandies et disséquées, sont élaborées dès 1886. Les modèles procèdent de différentes sources, notamment d’espèces cultivées au sein de la propriété des Blaschka à Hosterwitz, mais aussi de plantes observées dans différents jardins botaniques et arboretum. Pour nourrir la fabrication des fleurs en verre, Rudolf Blaschka effectua une série de dessins sur le motif, décrivant les plantes et la relation entre leurs différents composants, lors de deux voyages vers le Nouveau Continent en 1892 et 1895.

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Jacaranda (81 pg1), Rudolf Blaschka
© Collection of the Rakow Research Library, The Corning Museum of Glass, Corning, NY.

Jacaranda obtusifolia (Model 550), Leopold and Rudolf Blaschka, 1895
Hillel Burger photographer, The Archives of Rudolf and Leopold Blaschka and the Ware Collection of Blaschka Glass Models of Plants, Harvard University Herbaria © President and Fellows of Harvard College.

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fig. 1/ Lopezia coronata with hoverfly (Model 743), Rudolf Blaschka, 1913
Hillel Burger photographer, The Archives of Rudolf and Leopold Blaschka and the Ware Collection of Blaschka Glass Models of Plants, Harvard University Herbaria © President and Fellows of Harvard College.

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fig. 2/ Rossioglossum grande with bees (Model 749), Rudolf Blaschka, 1913
Hillel Burger photographer, The Archives of Rudolf and Leopold Blaschka and the Ware Collection of Blaschka Glass Models of Plants, Harvard University Herbaria © President and Fellows of Harvard College.

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fig. 3/ Malus lumina with apple scab (Model 813), Rudolf Blaschka, 1932
Jennifer Berglund photographer, The Ware Collection of Blaschka Glass Models of Plants on exhibition at the Harvard Museum of Natural History, Harvard University Herbaria © President and Fellows of Harvard College.

fig. 5/ Bromelia (30 pg1 et pg2), Rudolf Blaschka
© Collection of the Rakow Research Library, The Corning Museum of Glass, Corning, NY.

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fig. 6/ Pyrola (35), Rudolf Blaschka
© Collection of the Rakow Research Library, The Corning Museum of Glass, Corning, NY.

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fig. 7/ Gymnogramme (48), Rudolf Blaschka
© Collection of the Rakow Research Library, The Corning Museum of Glass, Corning, NY.

fig. 8/ Begonia (35 pg1 et pg2), Rudolf Blaschka
© Collection of the Rakow Research Library, The Corning Museum of Glass, Corning, NY.

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fig. 9/ Erythroxylon (27), Rudolf Blaschka
© Collection of the Rakow Research Library, The Corning Museum of Glass, Corning, NY.

Léopold (1822-1895) et Rudolf Blaschka (1857-1939), verriers originaires de Bohème et descendants d’une longue lignée d’artisans versés dans la fabrication du verre sont les auteurs d’une collection de modèles d’invertébrés marins et de fleurs, dont la précision et la délicatesse demeurent à ce jour inégalées. Léopold Blaschka a d’abord travaillé dans le magasin familial situé à Bömisch Aicha et dédié à la vente d’articles de fantaisie en verre et métaux précieux. Il cultive une passion pour l’histoire naturelle et la botanique. Ses premiers modèles d’invertébrés marins sont produits en 1854, suite à un voyage effectué en Amérique pour des raisons de santé. C’est également pendant cette période qu’il fabrique ses premières orchidées en verre. Admiratif de ces modèles, le Prince Camille de Rohan offrit à Léopold l’accès à ses serres du château de Sychrov, pour qu’il puisse étudier librement les espèces d’orchidées, jusqu’aux plus rares, mises à sa disposition. La collection de modèles en verre qui en découle sera exposée au sein du château de Sychrov en 1863 et, la même année, au jardin botanique de Dresde. Face aux demandes grandissantes des musées et universités et notamment aux besoins liés à l’enseignement de l’histoire naturelle, Léopold choisit de se consacrer uniquement à la production d’invertébrés marins en verre. Plusieurs déconvenues liées aux modèles d’orchidées et en particulier la destruction de la collection acquise par le Museum d’histoire naturelle de Liège le poussent également à faire ce choix. Son fils le seconde dans la fabrication des modèles d’invertébrés marins à compter de 1876. Ces derniers reproduisent très exactement la texture, les formes et couleurs des espèces et le rapport du verre au vivant est saisissant.

L’histoire de la collection des Fleurs en verre commence avec la certitude d’un homme : le professeur George Lincoln Goodale (1839-1923), alors directeur du Musée Botanique de l’Université d’Harvard (Botanical Museum of Harvard University). Il cherche à trouver le matériau le plus adéquat pour reproduire avec exactitude les particularités d’une collection de plantes. En voyant des modèles d’invertébrés marins présents au sein des collections du Muséum de Zoologie Comparée d’Harvard, il gagne la conviction que le verre est la matière la plus appropriée pour son projet. La volonté de George Lincoln Goodale était de rendre la plante accessible à travers une matière qui la sublimerait et de pouvoir, dans un même temps, exposer les spécimens au sein du Musée Botanique de l’Université d’Harvard. Les plantes devaient être visibles à différents stades caractérisant leur développement, notamment la germination, la floraison et la fructification (concernant les plantes florifères). De même que les relations entre les organes d’une même espèce devaient être intelligibles : tiges, racines, feuilles et fleurs appartenant à un même système. Les publics visés étaient donc à la fois néophytes et confirmés, du moins en passe de le devenir, puisque la collection des fleurs en verre devait également servir à l’apprentissage de la botanique, à travers l’observation et la comparaison (classement par famille et genre). Les périodes de floraison étant très réduites, sous le climat de la Nouvelle-Angleterre, les modèles devaient permettre d’accéder à ces phénomènes en dehors des périodes propices à l’observation directe de la plante en fleurs. Les techniques développées par les deux artisans, la maîtrise du travail du verre confèrent à ces objets une portée artistique indéniable ; raison pour laquelle on ne peut limiter l’attrait de cette collection aux dimensions scientifiques et didactiques. La collection de fleurs en verre de l’Université d’Harvard est unique au monde. Un contrat d’exclusivité a d’ailleurs été établi le 16 avril 1890 à Dresde pour un engagement sur une durée de dix ans, soit jusqu’en 1900. La collection est financée par deux généreuses donatrices Elizabeth C. Ware et sa fille Mary Lee Ware. Elle sera dédiée à la mémoire du Dr Charles Eliot Ware (1814-1887), un éminent physicien. Deux envois par an sont prévus, à raison d’environ 100 modèles par année. La collection du Musée Botanique de l’Université d’Harvard (aujourd’hui « Harvard University Herbaria ») comporte près de 4300 pièces, dont des plantes et gerbes à échelle 1 et des modèles agrandis représentant à la fois des fleurs cultivées, mais aussi les espèces qui poussent à l’état sauvage. Une liste très précise a été fournie aux Blaschka. La collection traduit la diversité de la flore, ses usages notamment médicinaux et économiques. Trois séries supplémentaires ont été produites par Rudolf, après le décès de son père. Ces dernières représentent le cycle de vie des cryptogames (plantes non florifères), comme les fougères, les champignons ou les bryophytes ; le phénomène de pollinisation et le rôle qu’y jouent les insectes fig.1 et 2, ainsi que les maladies fongiques de la famille des rosacées (pommes fig. 3, poires, etc.). 

Les premiers modèles sont envoyés à l’automne 1887. Les manipulations opérées par les douaniers à New York et surtout le manque d’attention portée au conditionnement des pièces entraînent leur détérioration. Ainsi, les modèles qui arrivèrent à Harvard étaient brisés. Malgré cet incident, le Professeur Goodale put lire la délicatesse et la précision dans les quelques fragments intacts qu’il reçut. Il soulignera lui-même dans une conférence datée du 7 novembre 1894 que le conditionnement des fleurs était presque aussi extraordinaire que tout ce qui s’y rapportait. Léopold et Rudolf Blaschka avaient mis en place un protocole très efficace pour que les pièces subissent le moins de chocs possible, car elles effectuaient un long voyage, depuis leur propriété d’Hosterwitz jusqu’à Cambridge. Les Blaschka avaient une grande expérience dans la façon de conditionner les pièces, grâce aux envois réguliers des modèles d’invertébrés marins dans différents musées et institutions. La façon d’emballer les pièces en verre était la suivante fig. 4 : les modèles achevés étaient attachés sur des morceaux de carton robuste à l’aide de fils métalliques. Les Blaschka disposaient ensuite du papier de soie pour combler les espaces entre les pièces, éviter tout contact entre elles et protéger les éléments qui n’avaient pas pu être fixés de manière optimale à l’aide des fils de métal. La boîte en carton était alors refermée et quand plusieurs de ces boîtes étaient prêtes, elles étaient disposées dans de grandes caisses en bois garnies de pailles. Ce garnissage visait à limiter les frottements entre les boîtes. Enfin, le couvercle de la caisse était minutieusement vissé, puis le tout entouré de paille de rembourrage et placé dans un sac en toile de jute. Les modèles étaient alors près pour le long voyage qui les attendait. Avant chaque envoi des modèles à Cambridge, ces derniers étaient présentés au sein de l’atelier des Blaschka, à Hosterwitz, dans un hall d’exposition prévu à cet effet et mis à disposition du public.

Les procédés de fabrication employés par Léopold et Rudolf Blaschka n’ont pas tous été mis à jour, car ils étaient très bien gardés. La transmission n’ayant pas été assurée par Rudolf, qui pensait que former un apprenti risquait de le ralentir, beaucoup des méthodes exploitées et développées par les deux verriers ne sont connues que de façon partielle. Lorsque quelqu’un pouvait observer les Blaschka au travail dans leur atelier, il était tenu au secret, comme ce fut le cas pour le professeur Goodale. Ce n’est donc qu’au travers des lettres envoyées par les commanditaires, bienfaiteurs et acteurs du projet que certains éléments ont pu être divulgués. De même que les dessins effectués par Rudolf et servant de modèles pour la fabrication des plantes ont pu fournir des informations via les indications qu’ils comportaient.

Les Blaschka se servaient d’une table de verrier équipée d’une lampe, constituée d’une coupelle contenant une mèche alimentée par de l’huile de paraffine, qui permettait de travailler le verre en fusion et de le modeler 1. Léopold et Rudolf avaient recours à divers procédés pour colorer le verre qui était, soit teinté à chaud par l’ajout de pigments (oxydes métalliques) assimilé au verre par des recuissons, soit par l’application de couleurs à froid. Chaque modèle demandait un travail d’assemblage conséquent : les différents composants de la plante étaient d’abord modelés, à partir de tubes en verre chauffés, puis étirés et mis en forme à l’aide d’outils, notamment de pincettes et d’aiguilles. Les pièces étaient solidifiées par la présence de fils de métal, comme le cuivre, permettant de construire une ossature pour le modèle et surtout de renforcer certains endroits de la structure comme les tiges supportant un certain poids (fleurs ou fruits). Les parties composant une plante étaient assemblées grâce à l’ajout de verres appliqués à différents degrés de fusion et dans un ordre très précis. Certaines pièces étaient fixées grâce à une colle organique fabriquée à partir de peau de poisson. Rudolf Blaschka effectua de nombreuses recherches sur les différents types de verre fusibles. Il mit au point ses propres verres colorés qui ne nécessitaient aucun autre traitement.

Le Professeur Goodale mentionne ces verres préparés dans une lettre datée du 27 octobre 1906, à propos des modèles de conifères qui ne comportent « rien ou presque de peint ». Grâce à ces expérimentations, les méthodes de fabrication ne cessent de progresser et de s’améliorer. Dans une lettre adressée au professeur Oakes Ames (1874-1950), second directeur du Musée Botanique de l’Université d’Harvard, Mary Lee Ware relate également les progressions qu’elle a pu observer au cours de sa visite à l’atelier le 3 octobre 1928. Elle y parle des verres élaborés par Rudolf et des pigments que le verrier fabrique et utilise pour obtenir les teintes adaptées. Les pigments sont appliqués en surface et chauffés à la flamme pour s’amalgamer au verre. Léopold et Rudolf Blaschka travaillaient conjointement sur diverses pièces constituant les modèles de plantes, sans différences notables dans la fabrication et les résultats produits. La préparation de verres élaborés par Rudolf lui-même devait permettre de stabiliser les modèles et d’éviter que la couleur ne s’altère. Les pièces produites avec son père avant 1895 sont majoritairement colorées grâce à l’application de peinture à froid. C’est également ce même procédé qui caractérise de nombreuses pièces fabriquées entre 1895 et 1900. Les recherches sur la fabrication du verre et la stabilisation des couleurs viendront ensuite.

Parmi les sources utilisées par les Blaschka pour obtenir cette précision dans la confection des fleurs en verre figurent de nombreux dessins réalisés par Rudolf. Léopold Blaschka avait lui-même consacré une partie de son temps à la description des espèces sur le motif et était assez habile dans l’art de la représentation. Les dessins réalisés par Rudolf Blaschka lors de deux voyages en 1892 et en 1895 visent à récolter les données nécessaires sur certaines plantes tropicales et concernent des espèces pouvant difficilement être cultivées dans des serres. Ils revêtent une importance considérable, puisqu’ils ont permis aux Blaschka, de reproduire avec exactitude la plante leur correspondant. Dans un premier temps, le professeur Goodale fit parvenir à Léopold et Rudolf un panel de graines et de boutures pour que ces derniers puissent cultiver certaines plantes présentes dans la liste au sein de leur propre jardin. Le climat de la Saxe correspondant à celui de la Nouvelle-Angleterre, les essences s’y épanouissaient facilement. Les Blaschka purent également accéder à diverses espèces tropicales qui se trouvaient dans les jardins royaux et les serres du château de Pillnitz, situé aux abords de Dresde. D’autres spécimens ont été obtenus auprès des jardins botaniques de Dresde et dans des arboretums en Allemagne. Aux alentours de 1890, les Blaschka avaient épuisé leurs sources européennes. Il leur fallait donc chercher leur matière ailleurs. Étant très attachés à l’observation de la plante dans son environnement, la solution du voyage visant à récolter les spécimens manquants fut adoptée. Il devait également permettre à Rudolf d’aller à Cambridge pour étudier les espèces présentes sur place et réparer les modèles cassés.

En 1892, après s’être rendu à Harvard, Rudolf voyagea vers la Jamaïque, parcourut le Kansas, le Colorado et le Nouveau-Mexique, en passant par l’Arizona et le sud de la Californie. Il observa alors les plantes du désert en fleurs, comme les Opuntias. À San Diego, il parvint à croquer l’insaisissable Darlingtonia (« plante cobra »), une plante carnivore. Au cours de ce premier voyage, plus de 350 espèces seront observées et décrites, permettant l’élaboration de 250 ensembles de modèles. Le second voyage entrepris en 1895 mène Rudolf Blaschka en Virginie, au nord de la Californie, puis dans le Tennessee, l’Arkansas, le Missouri et l’Oklahoma. La mort de son père obligera ce dernier à écourter son voyage.

Les dessins décrivent avec précision les textures des plantes et fournissent un apport essentiel pour la confection des modèles. Plusieurs plantes sont collectées sur le terrain, puis séchées, afin de garder des échantillons complétant les dessins. Rudolf mobilise un vocabulaire spécifique présent dans les notes qui accompagnent les croquis réalisés. Ces notes sont rédigées en allemand gothique. Dans la planche décrivant le Bromelia Pinguin (Bromelia pinguin L. – dessin n°30, Rakow research Library) fig. 5, la texture des bractées florales est comparée à du « feutre blanc », décrivant le duvet qui les recouvrent. De même que les feuilles à pointe lancéolées sont « frangées » et « brillantes ». Dans une autre planche représentant la pyrole elliptique (Pyrola elliptica Nutt. – dessin n°35, Rakow research Library) fig. 6, Rudolf qualifie la tige de « brillante » et comportant des « rayures ». Les feuilles sont quant à elles « sombres ». Autre exemple intéressant, les mots qui caractérisent la planche de la fougère Gymnogramme rufa L. (Gymnogramme rufa L. – dessin n°48, Rakow research Library) fig. 7, dont les feuilles sont complètement recouvertes de poils fins, qui ressemblent à de la « laine brune ». À travers ces différents exemples, on comprend l’importance du contenu des notes accompagnant les dessins réalisés. Elles permettent d’avoir des indications très précises sur l’aspect à donner au verre, grâce au vocabulaire emprunté à l’univers du textile. De plus, Rudolf donne des informations relatives aux pigments nécessaires pour obtenir les couleurs correspondantes. Les numéros mentionnés sur les planches font référence aux pigments fabriqués par divers fournisseurs auprès desquels les Blaschka achetaient leur matériel (1 à 4 pour les teintes de blanc, 7 et 8 pour les jaunes, 11 à 14 pour les oranges et rouges, 19 à 26 pour les déclinaisons de verts et 29 et 30 pour les dégradés de violets). Ces informations sont accompagnées par d’autres données : par exemple l’opacité ou le degré d’intensité des couleurs (valeurs) qui changent de façon subtile. À cela s’ajoute le rapport aux textures que le dessin exprime avec précision : creux, plis, rainures et torsions construisent l’apparence de la plante et lui donnent sa vraisemblance.

À l’instar de la plante réelle, le modèle restitue très précisément le degré d’épanouissement des fleurs et la maturité du fruit. Les rapports d’échelles sont également très importants : les modèles à échelle 1 donnent une vue d’ensemble de la plante, mais sans oublier chaque petit détail ; tandis que les modèles agrandis dissèquent ses composantes. Lorsque des précisions sont nécessaires, une seconde planche accompagne la première. Les dessins présentent différentes vues, à la manière d’une représentation en éclaté : les planches sont composées de vues de dessus, de côté et de derrière pour les fleurs, mais aussi de croquis saisissant leurs structures internes, comme le pistil ou les étamines (pollen). Des sections longitudinales et transversales du fruit permettent également d’en appréhender la structure, tout comme la forme des graines. Les rapports d’échelles sont fournis afin de faciliter le passage à la fabrication. fig. 8 et 9

Les dessins témoignent des glissements s’opérant entre les dimensions scientifique et artistique. Ils possèdent un double intérêt : le premier est d’observer une approche de la plante, dont la représentation s’effectue dans un souci de véracité et d’exactitude méthodique, explorant jusqu’au plus petit composant qui construit le végétal. La démarche est donc ici scientifique, mais pas seulement. La présence des diverses indications sert aussi à traduire ces données scientifiques sur un plan artistique : réussir à passer de l’observation de la plante, à la fabrication d’un modèle qui doit en reprendre toutes les caractéristiques. L’intérêt pour la botanique que cultivaient les Blaschka, alliée à la maîtrise d’un savoir-faire qu’ils ont fait évoluer a contribué à faire de cette collection un témoignage incomparable de techniques artisanales mises au service d’usages muséal, didactique et scientifique.

1/ Voir le reportage photographique au Muséum d'histoire naturelle de Genève.

2/ A. DAVIS William, EVANS SCHULTES Richard, HILLEL Burger, 1982, The Glass Flowers at Harvard, New York, E. P. Dutton Inc.

3/ BALDWIN WILEY Franklin, 1897, Flowers that never fade : An account of The Ware Collection of Blaschka Glass Models In The Harvard University Museum, Boston, Bradley Whidden Publishers.

4/ ROSSI-WILCOX Susan, WITHEHOUSE David, 2007, Drawing upon Nature : Studies for Blaschkas’ Glass Models, New York, The Corning Museum of Glass

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fig. 4/ Une des boites d'emballage d'origine contenant les pièces en verre envoyées par les Blaschka à l'Université d'Harvard en 1894. Photo d'Hillel Burger.