En cage

Texte et Dessin de Félicie Lemarie
Licence 3, Didactique visuelle – Haute école des arts du Rhin

Les vitrines du musée Fragonard permettent d’observer, ordonnées, alignées, empilées, toutes les variations anatomiques d’un même organe. On se prend alors au jeu d’imaginer quelle était la version initiale, et ce qui est à l’origine de telles divergences. Les cages thoraciques dans la salle des squelettes se répondent, dans des hauteurs et des orientations différentes.

Dans un deuxième temps, confrontée à la dissection, j’ai abandonné ce point de vue prospectif, saisie par la proximité du sujet et l’odeur prégnante des cadavres. Même sans ressentir de dégoût, les corps semblaient tout d’un coup beaucoup trop grands et démembrés pour être dessinés au trait. À l’intérieur de l’abdomen, les organes digestifs étaient compressés derrière les côtes sans que je n’y comprenne rien. Des tissus organiques se déployaient en couches successives autour du ventre, les tendons et les muscles s’emmêlaient au niveau de la gorge. À défaut de pouvoir rendre compte synthétiquement de mes observations, j’ai envisagé ce moment comme l’occasion d’une recherche plastique, qui évacue la répulsion et l’horreur de la chair pour une curiosité formelle presque abstraite.