Institut de botanique, Faculté de Sciences de la Vie, Strasbourg
Photos d'André Bihler
Enseignant de l'atelier de Didactique visuelle – Haute école des arts du Rhin
Présentation de la collection de modèles Brendel
Shirin Khalili, Chargée de la médiation et communication scientifique de la Faculté des sciences de la vie de l'Université de Strasbourg
Jusqu’au début du XIXe siècle l’enseignement des sciences naturelles est essentiellement voué à la description et à la classification des espèces et passe essentiellement par le dessin ou la plante séchée en planche d’herbier en ce qui concerne la botanique. La science biologique naît avec le regroupement de la morphologie et de physiologie au sein de la même discipline : la biologie. Ce sont en premier les centres de recherches universitaires allemandes qui sont à l’origine du progrès dans le domaine de l’enseignement de la physiologie des plantes. Depuis l’invention du microscope, les détails scientifiques doivent être montrés aux étudiants. C’est à partir de 1850 qu’on commence à voir apparaître dans les catalogues destinés à l’enseignement du « matériel » dédié à la botanique. Les « modèles » répondent à cet objectif. Le terme « modèle » est utilisé dès le XVIIIe siècle pour designer la représentation en 3D du monde vivant : « se dit de tout objet d’imitation ». Les matériaux utilisés sont très variés : bois, cire, gesso, soie, terre cuite, verre ou papier ; seuls ou mélangés pour obtenir des textures et rendre le tout fidèle à la réalité. Les modèles botaniques et notamment les Brendel permettent de voir les plantes sous toutes leur faces et pour la première fois l’aspect tridimensionnel de l’intérieur de la plante ou de la fleur, ainsi que ses détails anatomiques.
Destinés à tous les niveaux d’enseignement, les modèles Brendel constituent une vaste introduction à l’enseignement des sciences ainsi qu’un outil pédagogique remarquable tant par leur précision que par leur beauté. En 1866, Robert Brendel (1821-1898) installe à Breslau aujourd’hui Wroclaw en Pologne, une fabrique de modèles destinés à l’enseignement des sciences. Son fils Reinhold (1861-1927) lui succède et produit à son tour des modèles botaniques et humains. Il déménage à Berlin en 1898 et continue l’entreprise familiale sous le nom de Firma R. Brendel, Verlagsanstallt Lehrmittel. En papier mâché, complété de tissu, de glaise ou de liège, les modèles sont assemblés par une colle liquide. Ces matériaux rendus rigides après un long séchage sont abondamment utilisés au XIXe siècle avant l’apparition des matières plastiques. Le premier catalogue mentionne en 1866, 30 modèles de plantes vendus à 20 thalers l’ensemble.
La collection s’enrichit au fil du temps pour attendre 225 pièces en 1925. À partir de 1882, les modèles sont achetés dans toute l’Allemagne et dans d’autres pays d’Europe. Ils remportent d’ailleurs des prix prestigieux lors des expositions à Paris, Amsterdam, Vienne et Saint Petersbourg… La collection de la Faculté des sciences de la vie de l’Université de Strasbourg a été acquise lors de la création de l’Institut de botanique (Kaiser-Wilhelms-Universität ou l’Université impériale de Strasbourg (1872-1918). Elle ne comprend malheureusement plus qu’une trentaine de modèles sur la série complète des 225. Certains sont aujourd’hui exposés au Musée historique de Strasbourg et les autres sont encore présents dans les salles d’enseignement de la biologie végétale.
Nous tenons à remercier chaleureusement pour leur accueil et leur disponibilité : Jacky de Montigny, Doyen de la Faculté des Sciences de la Vie et Shirin Khalili, Chargée de la médiation et communication scientifique de la Faculté des sciences de la vie de l'Université de Strasbourg.